L'intestin agit sur l'humeur à travers notre microbiote ou flore intestinale.
Les millions de bactéries peuplant notre tube digestif affectent de nombreux processus, comme l'immunité, le métabolisme et notre cerveau.
L’axe intestin-cerveau consiste en différents composants, le système nerveux central, le système nerveux avec principalement le nerf vague, les cellules endocrines qui sécrètent des substances de type hormone, le système immunitaire et le microbiote intestinal qui comprend tous les micro organismes vivant dans notre intestin.
Les interactions entre le microbiote et le cerveau sont bidirectionnelles, les messages du cerveau sont transmis à l’intestin et le microbiote communique avec le cerveau. De nombreuses études sur les rongeurs et aussi sur l’homme ont démontré que cette communication influe sur notre comportement et sur notre humeur.
La dépression est transférable par le microbiote !
Pour explorer cette communication, des chercheurs de l'Institut Pasteur ont observé des souris génétiquement modifiées souffrant de stress chronique, et qui sont utilisées comme des modèles animaux de la dépression pour trouver de nouveaux traitements contre cette affection. Pour isoler l'effet de leur microbiote, ils ont transplanté les selles d'une souris dépressive dans les intestins d'une souris saine – par une technique qu'on nomme transplantation fécale. Les souris saines ont alors changé de comportement. "Nous avons découvert que la transplantation de microbiote transmet les symptômes de comportement dépressif", ont constaté avec étonnement les chercheurs dans la publication.
Et chez l'homme ?
Chez l’homme, l’alimentation de type méditerranéenne a démontré son efficacité à réduire les symptômes de dépression. Cette alimentation comporte beaucoup de fruits, légumes, légumineuses, noix, céréales complètes, graines et huile d’olive, associés avec un peu de produits laitiers, de poisson, d’œufs et de vin rouge. En opposition à ce régime, le « Western diet », mode d'alimentation rencontré fréquemment dans nos régions et riches en aliments raffinés et transformés a été associé des symptômes de dépression et d’anxiété.
De plus, chez l’homme, plusieurs études cliniques comportant un groupe comparatif placebo ont démontré que l’addition de probiotiques (cocktail de bactéries de la famille des Bifdobactéries et de Lactobacilles) améliore l’humeur et diminue le niveau de stress. En parallèle, on observe chez ces volontaires sains une diminution du cortisol urinaire, hormone du stress.
Ce schéma tiré de l’article du British Journal of Pharmacology, montre bien la communication bidirectionnelle entre le cerveau et l’intestin. A gauche, l’intestin sain présente des cellules bien jointives imperméables aux toxines et aux fragments de bactéries.
Le microbiote est sain et diversifié et permet la maintenance d’une barrière intestinale efficace et assure un bon équilibre du système immunitaire.
Quand le microbiote est déséquilibré comme dans la partie droite du schéma, l’intestin s’enflamme et les cellules qui le composent ne sont plus jointives, laissant passer des toxines, des fragments d’aliments et de bactéries.
Cette augmentation de la perméabilité de la paroi intestinale entraine l’envoi de messages au cerveau via différents canaux comme le nerf vague, via des peptides (petites molécules) secrétées par la paroi de l’intestin ou des cytokines, messagers de nos cellules immunitaires. Ces messages ont un impact négatif sur l’humeur et renforce le sentiment de stress et d’anxiété.
La communication est bidirectionnelle, le cerveau influence l’intestin et l’intestin agit sur le cerveau
Un stress psychologique peut également nous pousser à manger en excès des aliments réconfortants, riches en graisse et en sucre, ce qui influence la population des bactéries intestinales par le type de nourriture et par les hormones de stress. Les interactions entre les deux sont nombreuses et n’étant pas complètement élucidées, font encore l’objet de nombreuses recherches.
Comment avoir un bon microbiote ?
Pour que les bonnes bactéries se développent et prennent la place des mauvaises, il faut les nourrir avec les aliments qui les font croitre autrement dit les prébiotiques
Les prébiotiques consistent en fait la partie non digestibles des fruits et légumes comprenant les fibres, les sucres complexes et polyphénols (substances qui confèrent la couleur aux fruits et légumes) que nos enzymes humaines ne peuvent digérer. Le microbiote intestinal s’en nourrit et en retour les transforme en acides gras à courte chaine, bénéfiques pour la santé de notre intestin et notre santé globalement.
Parmi ces acides gras à courtes chaine, nous retrouvons le butyrate qui agit de multiple façons, cet acide gras sert de nutriment pour les cellules de notre colon, a un effet anti-inflammatoire, renforce les jonctions entre les cellules intestinales participant ainsi à l’intégrité de la barrière intestinale et a un effet protecteur contre le cancer du colon.
Il exerce son effet sur le système nerveux central en interagissant avec la production d’hormones dans l’intestin et avec le nerf vague.
Un microbiote favorable en 10 points
Mastiquez, mâchez en prenant votre temps en pleine conscience de ce que vous mangez
Mangez des fruits et légumes de différentes couleurs tous les jours
Consommez bio, local et non transformé
Mangez de bonnes graisses, cuisinez à l’huile d’olive et assaisonnez à l’huile de colza
Bougez, mettez du mouvement dans votre vie
Adoptez la sobriété, écoutez votre corps quand il vous dit qu’il a assez mangé
Consommez viande et sucres avec modération, évitez les sucres cachés
Soyez cool et trouvez votre outil anti-stress
Ecoutez votre ventre, chacun a un microbiote propre, capable de digérer des aliments différents.
Introduisez les nouveaux légumes, légumineuses que vous n'avez pas l'habitude de manger progressivement
Les découvertes concernant les interactions entre le microbiote et le corps humain sont encore à approfondir dans tous les domaines mais une chose est sûre, les conseils présentés sont bénéfiques pour notre microbiote et pour nous, notre digestion et notre humeur.
Sources
- Psychobiotics and the Manipulation of Bacteria-Gut-Brain Signals .Trends in Neurosciences November 2016, Vol39 N°11. Amar Sarkar, Soili Lehto, Siobhan Harty, Timothy Dinan, John Cryan and Philip Burnet
- The gut microbiota in anxiety and depression – A systematic review Carra A. Simpson , Carmela Diaz-Arteche , Djamila Eliby Orli S. Schwartz c, Julian G. Simmons, Caitlin S.M. Cowan
- Finding the needle in the haystack: systematic identification of psychobiotics. Aisling Bambury , Kiran Sandhu, John F Cryan and Timothy G Dinan. British Journal of Pharmacology (2018) 175 4430–4438 4430
- The neuropharmacology of butyrate: the bread and butter of the microbiota-gut-brain axis ? R. Silling, M. van de Wouw, G. Clarke, C. Stanton, T. Dinan, J. Cryan Neurochemistry International 99(2016) 110-132
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